Une forêt d’Anjou nourricière

par | 28 Jan 2024 | 02/2024, Forêt

A Jarzé, dans le Maine-et-Loire, Quentin Crusson a choisi de laisser la forêt lui dicter ses activités et non l’inverse. Depuis cinq ans, il récolte de la sève de bouleau et espère bientôt produire également des champignons.

Crédit photo Jean-Pierre Chafes

Serait-ce parce que sa génération a totalement intégré l’urgence climatique dans sa vision du monde ? Le fait est que Quentin Crusson, chaudonnier-soudeur de son état, s’est très tôt intéressé à la permaculture. « En écoutant d’abord Damien Dekarz sur sa chaine YouTube, « Permaculture, agroécologie, etc ». En lisant aussi beaucoup. J’ai pris conscience qu’il y avait des choses à faire si on voulait préserver le monde dans lequel on vit. Si par exemple, chaque Français achetait seulement un hectare de forêt, on aurait 60 millions d’hectares protégés ».

3,5 hectares dédiés à la permaculture

Ainsi, Quentin Crusson acquiert en 2016 près de 3,5 hectares de terrain au lieu-dit « la Pierre de l’Âge » sur la 

commune de Jarzé dans le Maine-et-Loire.
Le domaine, baptisé l’Âge de la Perma, devient le nouveau terrain de jeu pour mettre en pratique ce qu’il a retenu de ses lectures. « En quête d’autosuffisance », il s’essaie ainsi à l’élevage de moutons, plante des arbres fruitiers, sème des glands pour créer des haies coupe-vent, et laisse se développer des peupliers trembles pour le bois de chauffage. Mais il se lance surtout dans la production de sève de bouleau.
Dans les années 1960, un incendie a en effet détruit plusieurs hectares de forêt entre Seiches-sur-le-Loir et Jarzé. Et comme il n’y avait pas à l’époque d’obligation de replanter après un incendie, les bouleaux, des arbres pionniers se plaisant sur des sols pauvres, ont donné naissance à une forêt naturelle.

S’adapter au milieu

Quentin Crusson possède ainsi quelques 40 ares de bouleaux. Et s’il dit ne pas avoir acheté son terrain pour y développer cette activité et au contraire, avoir simplement choisi de « s’adapter au milieu, l’un des principes de base de la permaculture », il loue aujourd’hui des arpents supplémentaires de bois à des voisins pendant quelques semaines. En général, la récolte de cette sève connue pour ses vertus drainante et reminéralisante démarre en effet en mars et dure au maximum un mois.

Crédit photo Jean-Pierre Chafes

Mais seulement douze jours en 2023 en raison de la sècheresse. Entre la recherche de nouveaux clients pendant l’hiver, le nettoyage des bidons en février, la récolte en elle-même et la livraison de la sève fraiche qui s’achève fin avril, l’activité, si elle est rémunératrice, n’en reste pas moins très saisonnière.
C’est pourquoi Quentin Crusson a décidé depuis quelques mois de se diversifier. En s’appuyant une nouvelle fois sur la richesse et la biodiversité ce que lui propose la forêt. « Les bouleaux sont fragiles. Ils tombent et cassent à tour de bras avec les coups de vent et avec l’âge. Je récupère tout ce bois pour en faire des bûches dans lesquelles j’inocule du mycélium ( ndlr: partie souterraine du champignon ) de pleurote et de shiitaké. Le bouleau est un excellent substrat naturel pour la culture des champignons. Il est rapidement colonisé ». Empilées sous forme de tours, ces bûches de bouleau ont été installées dans le riche sous-bois dont l’humidité est elle aussi favorable au développement du mycélium. « Si ça marche, la récolte interviendra à une autre période l’année que celle de la sève de bouleau ». Et devenir complémentaire pour le jeune apprenti permaculteur de forêt.

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