Ecolodo, une volonté publique avant tout.

par | 28 Sep 2023 | 10/2023, Initiatives

Petite commune rurale de la périphérie d’Angers, Pelouailles-les-Vignes possède depuis septembre 2022 un cohabitat réunissant sept familles. Un projet qui  a mis 10 ans à voir le jour, mais qui n’en reste pas moins inspirant à bien des égards. Et dont Joël Lebreton, l’un des cohabitants, nous retrace l’histoire.

Joël Lebreton, un des cohabitants d’Ecolodo. Crédit Jean-Pierre Chafes

Quand et comment est né le projet Ecolodo?
L’initiative en revient à la mairie de Pelouailles-les-Vignes qui en 2012 a voulu créer un écoquartier, les Dolantines, dont une partie de la surface a été réservée pour un cohabitat.

Il n’y avait à moment-là que très peu d’exemples de cohabitat en Maine-et-Loire. L’idée a cependant séduit assez vite?
Lors de la première réunion de présentation en avril 2012, une douzaine de familles étaient présentes. Et au total une vingtaine ont participé à au moins une réunion. La plupart souhaitaient un logement collectif, d’autres un logement individuel, mais toutes étaient intéressés par un habitat écologique et par le principe du partage d’un certain nombre de choses, comme des espaces ou des équipements. Il a fallu cependant attendre 2016 pour que le groupe de sept familles qui habitent actuellement Ecolodo se constitue et que les travaux puissent véritablement commencer. En attendant, la municipalité a donc bloqué le terrain pendant 5 ans, signe de sa détermination à voir le projet devenir réalité.

Est-ce que ça a été facile de mettre en œuvre votre projet avec sa double dimension, habitat écologique et habitat partagé?
Quand les quatre premières familles créent en 2013 l’association Ecologis des Dolantines – qui deviendra Ecolodo en 2018-, leur première action a consisté à trouver un architecte intéressé par le concept et capable surtout de répondre à nos demandes. 

Au-delà de la notion d’habitat partagé, on souhaitait en effet utiliser des matériaux biosourcés, faire le plus possible d’auto-construction ou bien encore avoir des maisons bien orientées demandant peu de chauffage. Finalement, plus de 40 cabinets d’architectes se sont positionnés. Avec l’accompagnement d’Alisée, l’Association Ligérienne d’Information et de Sensibilisation à l’Energie et l’Environnement, notre choix s’est porté sur un duo local, Sylvain Houpert et Rudy Château, respectivement géoclimaticien et urbaniste. Le permis de construire, unique, a finalement été déposé en novembre 2016 et le CCTP (cahier des charges des entreprises), le mois suivant.

Habitat partagé, cela signifie quoi dans les faits ? Habitat collectif? Propriété collective?
Sur le plan juridique la loi ALUR (Accès au Logement et Urbanisme Rénové) venant d’être modifiée, on a choisi de constituer une SCIA, une société civile immobilière d’attribution. C’est cette SCIA qui a acheté le terrain de 3000m2 sur lequel ont été construits deux logements individuels et un ensemble collectif de cinq logements. Chaque famille est propriétaire de son habitat et de sa terrasse, mais tout le reste appartient à la collectivité : le parking, le potager, le hangar à vélos, la salle de réunion, le grenier, la laverie, la chaufferie, l’atelier et même les outils qui sont dedans.
On a un seul compteur d’eau, avec des sous-compteurs individuels. Le chauffage est également collectif grâce à une grosse chaudière à pellets.

A Pelouailles-les-Vignes l’habitat partagé, c’est un ensemble de cinq logements collectifs et deux individuels. Crédit Jean-Pierre Chafes

Est-ce que le fait d’avoir entrepris cette démarche de façon collective a facilité les choses? A réduit le coût de la construction par exemple?
De la même façon qu’il n’y a eu qu’un seul permis de construire, on a fait appel à un seul charpentier, au même maçon pour tout le monde, etc. Pour la construction, on a acheté les matériaux en grande quantité. En ce qui concerne le financement, un courtier a fait toutes les démarches pour les sept familles, en fonction des revenus et de l’apport de chacun. Certains n’auraient pas pu faire construire tout seuls. S’ils étaient allés directement dans une banque, ils n’auraient pas obtenu le crédit. Il y a un aspect social dans notre démarche et dès le début, on a dit au courtier que c’était tout le monde ou personne.
Tout ça, nous a permis de réaliser d’importantes économies d’échelle. Sans parler des nombreux coups de main qu’on s’est donné pendant la construction. Les sept logements, avec l’achat du terrain compris, ont coûté au total 1,8 millions. Ce qui représente entre 180 et 240000€ par logement, soit environ 30% de moins que cela aurait coûté à quelqu’un qui aurait construit individuellement avec les mêmes matériaux que nous.

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